Médaillé d’or du CNRS et professeur émérite au Collège de France, l’anthropologue Philippe Descola est spécialiste des rapports entre les humains et les non-humains. Invité par le Canthel, il présentera le 17 novembre son essai Les Formes du visible, paru en septembre 2021.

Né en 1949 à Paris, Philippe Descola a fait des études de philosophie à l’École normale supérieure de Saint-Cloud avant de se former à l’ethnologie à l’université Paris-X et à l’École pratique des hautes études (EHESS). Chargé de mission par le CNRS, il a mené de 1976 à 1979 une enquête ethnographique chez les Jivaros Achuar de l’Amazonie équatorienne dont il a étudié plus particulièrement les relations à l’environnement, sujet de la thèse de doctorat d’ethnologie qu’il soutient en 1983 sous la direction de Claude Lévi-Strauss. Il a enseigné à l’EHESS en tant que maître de conférences à partir de 1984, puis comme directeur d’études en 1989, et y a développé, lors de son séminaire hebdomadaire, une anthropologie comparative des rapports entre humains et non-humains.
Professeur au Collège de France de 2000 à 2019 dans la chaire d’Anthropologie de la nature, Philippe Descola y a dirigé jusqu’en 2013 le laboratoire d’anthropologie sociale tout en conservant une direction d’études à l’EHESS. Il a été professeur invité dans les universités de Göteborg, São Paulo (chaire Lévi-Strauss), Vienne, Rio de Janeiro (chaire Claude Bernard), Chicago, Mexico, Buenos Aires, Louvain (chaire J. Leclercq), Pékin (Beida), Mexico (UNAM), Montréal, Saint-Pétersbourg, Uppsala, au Collège de Belgique et l’Université Saint-Louis de Bruxelles, à l’université Cornell et à la London School of Economics.
Les Formes du visible
La figuration n’est pas tout entière livrée à la fantaisie expressive de ceux qui font des images. On ne figure que ce que l’on perçoit ou imagine, et l’on n’imagine et ne perçoit que ce que l’habitude nous a enseigné à discerner. Le chemin visuel que nous traçons spontanément dans les plis du monde dépend de notre appartenance à l’une des quatre régions de l’archipel ontologique : animisme, naturalisme, totémisme ou analogisme. Chacune de ces régions correspond à une façon de concevoir l’ossature et le mobilier du monde, d’en percevoir les continuités et les discontinuités, notamment les diverses lignes de partage entre humains et non-humains.
Masque yup’ik d’Alaska, peinture sur écorce aborigène, paysage miniature de la dynastie des Song, tableau d’intérieur hollandais du XVIIe siècle : par ce qu’elle montre ou omet de montrer, une image révèle un schème figuratif particulier, repérable par les moyens formels dont elle use, et par le dispositif grâce auquel elle pourra libérer sa puissance d’agir. Elle nous permet d’accéder, parfois mieux que par des mots, à ce qui distingue les manières contrastées de vivre la condition humaine. En comparant avec rigueur des images d’une étourdissante diversité, Philippe Descola pose magistralement les bases théoriques d’une anthropologie de la figuration.
Philippe Descola, Les Formes du visible, 2021, Seuil, « Les livres du nouveau monde », 768 p.
Informations pratiques
Jeudi 17 novembre 2022 | 14h à 16h
Université Paris Cité – 45 rue des Saints-Pères, 75006 Paris
Amphithéâtre Polonovski (100 places)
Accès libre, accessible aux étudiants et aux personnels d’Université Paris Cité.
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