L’implication des étudiants de SHS dans le tissu associatif n’est plus à vanter. Mais cet engagement peut parfois les mener loin. C’est le cas avec l’association OptimAcc For Africa, créée en 2018 par Ayoub Belemlih, alors étudiant en M2 Éducation et formation, parcours recherche, avec l’implication d’une dizaine de ses condisciples. Leur but : créer un dispositif de solidarité international visant à soutenir la réinsertion par l’entreprenariat des femmes et des jeunes issus du milieu rural en Afrique, en renforçant les compétences des acteurs locaux d’insertion professionnelle.
« La genèse de ce projet a démarré durant les séminaires de Roger Sue sur le lien social, se souvient Ayoub Belemlih, aujourd’hui doctorant au Cerlis. Alors que je préparais mon mémoire de Master 2 sur les pratiques d’accompagnement d’entrepreneurs issus de milieux marginalisés, j’ai pu, grâce au travail de recherche réalisé, mettre en place tout un cadre théorique sur la méthodologie d’accompagnement du désir d’entreprendre, en me basant sur une approche socio-cognitive. »
Soutenu – entre autres – par la composante SHS dans le cadre du Fonds de Solidarité et de Développement des Initiatives Étudiantes (FSDIE), le projet prend corps au Maroc, dans la région très touchée par le chômage de Guelmim-Oued-Noun, où l’État a décidé de lancer le dispositif Momkin, qui vise à soutenir l’emploi et à accompagner les jeunes vers l’autonomie. « Le volet entrepreneurial, dans une logique sociale et solidaire, est très présent dans la priorité du gouvernement, précise Ayoub Belemlih. Il est prévu à cet effet de mobiliser un vivier d’accompagnateurs capables de soutenir les projets portés par des personnes en situation dif cile et notamment les femmes vulnérables et les jeunes ruraux. Étant donné que notre association est spécialisée dans la mise en place de dispositifs d’accompagnement et la formation d’accompagnateurs, il était logique que nous nous positionnions sur ce créneau qui demande une expertise particulière. »
C’est dans ce contexte qu’en septembre dernier, les membres de l’association rencontrent Noureddine Benkhalil, le secrétaire général du ministère du Travail et de l’insertion professionnelle, accompagné du directeur général de l’ANAPEC (l’équivalent marocain de Pôle Emploi), afin de finaliser un projet d’action. « Notre mission sera d’atteindre 50% de l’objectif xé par le gouvernement, expose èrement l’ancien étudiant, soit 250 accompagnateurs formés et opérationnels pour le terrain d’ici 2021.»
Pour l’heure, après une première intervention, OptimAcc For Africa a formé 50 personnes au lieu des 25 prévues au départ, et signé 50 diplômes de participation reconnus conjointement par l’association et l’École supérieure de technologie de Guelmim. Largement couverte par les médias marocains, l’initiative a suscité l’intérêt de 13 associations locales et drainé vers elle une dizaine de partenaires potentiels, qui tous entendent reproduire l’expérience sur leur territoire avec OptimAcc.
Prochaine étape : l’organisation d’un challenge à la création d’entreprises à destination de la population régionale, a n de détecter des porteurs de projets d’initiatives à fort impact de développement pour la région. Mais aussi, selon Ayoub Belemlih : « la duplication du projet sur d’autres pays africains comme le Sénégal ou la Libye ».
Commencée sur les bancs de notre université, l’aventure pourrait donc aller encore plus loin…
(Source de l’article : Philippe LEFEBVRE – Chargé de communication à la faculté de Sciences Humaines et Sociales )