Dans le cadre du cours « Communication, médias, édition », nous avons mis en place un créatelier collaboratif, initié à l’occasion du printemps des poètes et fondé sur un partenariat entre des étudiants de Sciences du Langage (L2), des élèves du lycée Van Gogh d’Aubergenville (2nde et 1ère) et du collège Gassicourt de Mantes-la-Jolie (3ème). Il s’agissait de (pro)jeter des ponts, construire des passerelles et faire fleurir la poésie hors les murs à l’occasion du vingtième anniversaire du Printemps des poètes (mars 2019) et jusqu’à la n du semestre. Suivant l’injonction de Lautrémont, « La poésie doit être faite par tou[.te.]s », nous avons confié aux élèves et étudiants une mission créative : donner et recevoir un (ou plusieurs !) poème(s) pour partager un petit coin de ciel bleu.

Nous avons en amont conduit une réflexion linguistique et esthétique sur le concept de « beauté », thématique choisie cette année par le comité d’organisation du Printemps des poètes, dont on a notamment questionné l’usage au singulier en explorant les usages d’autres langues, dont le japonais, qui possèdent moult vocables pour dire les nuances, subtilités et variations du Beau.

La phase de création à plusieurs voix avait pour objectif de mettre en mots sensations et émotions, au moyen de la forme de l’haïku. Cette forme courte, inspirée de la pratique des maîtres japonais tels Bashô, se compose dans sa version occidentalisée de trois vers en 17 syllabes, jouant sur les ressorts du langage : renversement de sens, clin d’œil, polysémie, etc.

Tracer dix-sept petits pieds
Pour qu’au détour surgisse La beauté.
Exemple de Métaïku

C’est un cadre qui favorise ainsi le dévoilement des ressources d’expressivité et le développement des facultés d’expression. D’un point de vue linguistique, nous avons abordé – à différents niveaux en fonction de nos divers publics – la dialectique fond/forme, des notions de lexicologie et sémantique, de syntaxe, de prosodie et de stylistique. En définitive, pris au(x) jeu(x) de la plume, nos écrivains en herbe ont écrit une myriade de poèmes et ce fut un arc-en-ciel d’haïkus qui a relié nos élèves et étudiants. In ne, ce partenariat a également permis aux élèves de collège et lycée de découvrir l’univers des Sciences du langage et cela a suscité curiosités, discussions… et vocations ! Laissons-nous porter par leurs mots :

Pourquoi allonger les discours
Quand en une phrase
Tient toute la beauté

Discours abrégé

 

Fabrique de tes doigts de fée
Des cages en papier
Laisse tes mots t’en-voler
A(i)me(r)

De ta terreur Je me nourrirais
Jusqu’à la lie j’irai
(IN)FIN(I)

 

La goutte perle au coin de la rose
Elle coule, comme la lame
Sur ta joue.
Larme.