Organisé par Saskia Cousin (P5-Canthel), Anne Doquet (IRD-Imaf), Melissa Elbez (EHESS-IRIS) et Sebastien Jacquot (P1-Eirest), le séminaire tourisme aura lieu jeudi 14 novembre à 17h, à l’université Paris Descartes en salle R213. Il sera consacré à la grande guerre, à ses mémoires et ses oubliés et aura pour thème : L’usage politique du tourisme : du grand récit national aux contre-récits des subalternes.

  • Yves-Marie Evanno et Johan Vincent “Pèlerins et touristes sur le champ de bataille de la Grande Guerre : querelle d’usage autour d’un grand récit national (1919-2019)”

     Comment de « pèlerinage de mémoire », le champ de bataille devient « territoire de mémoire », une appropriation collective, un lieu de recueillement impersonnel et intemporel ? Pour reprendre l’historien David Lloyd, la dichotomie existant entre pèlerins et touristes des champs de bataille est le prolongement de la division du temps de guerre entre le front et l’arrière. Une distanciation avec le conflit et son quotidien se fait donc progressivement au profit d’un grand récit national, héroïque et patrimonialisé. Le tourisme des champs de bataille apparaît aussi comme un formidable prisme pour mesurer les rivalités géopolitiques de l’entre-deux-guerres.

 

  • L’usage politique du tourisme : du grand récit national aux contre-récits des subalternes

    Dès le XIXe siècle, la littérature touristique oscille entre hagiographie nationaliste et usage régionaliste. Ce n’est pas forcément contradictoire, comme l’atteste, après la défaite française de 1870, le rôle du tourisme dans l’édification des « petites patries ». À chaque colonisation interne ou internationale, le tourisme est un outil de « pacification des confins », utilisé pour imposer le groupe dominant et son récit sur les minorités. Ce fut le cas en Indochine avec les stations nommées « petites France », c’est le cas à Shangri-La en Chine pour imposer un autre dalaï-lama. Dans le même temps, des balinais aux zapatistes, de nombreuses minorités liées par un sentiment d’appartenance communautaire, religieux, socioéconomique ou/et par un agenda idéologique, mobilisent le tourisme pour faire entendre leurs récits et leurs revendications. Comme toute arme, le tourisme est utilisé par chaque protagoniste dans un combat qui n’est pas que culturel. Cette saison 15 vise à faire le point sur les usages politiques du tourisme, entre imposition et contestations – identitaires, foncières, historiques ou religieuses.

Jeudi 14 novembre, 17h

Université Paris Descartes
Salle R213 – bâtiment principal – 2e étage, escalier à droite dans le hall

45, rue des Saints-Pères
75006 Paris